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Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/61

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Assez, André. Il a menacé un garde du roi. Empoignons-le et conduisons-le au corps de garde.

Les deux soldats jetèrent leurs hallebardes et se précipitèrent sur le vieillard, mais ils s’aperçurent bien vite qu’ils avaient affaire à forte partie, et que c’était chose moins facile qu’ils n’avaient cru que de se rendre maîtres de lui. À plusieurs reprises il se débarrassa des deux soldats, et ce ne fut que lorsque le souffle lui manqua qu’ils réussirent à lui tordre les poignets et à s’assurer de sa personne, mais ils étaient eux-mêmes dans un piteux état avec leurs uniformes salis et déchirés. Ils s’étaient à peine relevés, fiers de leur misérable victoire, lorsqu’une voix sévère et l’éclair d’une lame d’épée devant leurs yeux les força à lâcher leur prisonnier.

C’était le capitaine de Catinat qui, son service du matin terminé, s’était trouvé à passer par là au moment de la scène. À la vue du vieillard, il avait fait un haut-le-corps, et tirant sa rapière, il s’était précipité avec une telle furie que les deux hommes lâchèrent non seulement leur victime, mais en se reculant pour éviter la pointe menaçante de l’arme, l’un d’eux glissa et l’autre roula par-dessus lui.

— Canailles ! hurla Catinat. Que signifie ceci ?

Les deux hommes s’étaient relevés honteux et déconfits.

— Excusez, capitaine, dit l’un d’eux en saluant, c’est un huguenot qui a injurié la garde royale.