Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/63

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d’avoir abandonné leurs hallebardes étant de service, et de s’être montrés avec des uniformes sales et déchirés.

— Cela vaut mieux, dit le sergent avec la liberté que lui donnait son privilège de vétéran. Tonnerre de Dieu ! Vous avez déshonoré les gardes ! Une heure ou deux d’équitation sur le cheval de bois avec un mousquet à chaque pied vous apprendront que les hallebardes ont été faites pour être tenues à la main et non pour faucher l’herbe des pelouses du roi. Demi-tour, marche !

Et le petit groupe de soldats encadrant les deux coupables regagna le corps de garde, sous la conduite du sergent.

Le huguenot s’était tenu à l’écart, grave et sérieux, sans un signe d’approbation ou de joie devant ce soudain revirement de fortune, mais quand les soldats eurent disparu, il s’approcha du jeune officier, et lui serra chaleureusement la main.

— Amaury, je ne m’attendais pas à vous rencontrer.

— Moi non plus, mon oncle. – Qu’est-ce qui peut vous amener à Versailles ?

— Les injustices que l’on commet à mon égard, Amaury. Les méchants s’ameutent contre nous, et à qui pouvons-nous nous adresser, si ce n’est au roi ?

Le jeune officier secoua la tête.

— Le roi est bon au fond, dit-il. Mais il ne peut