Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/76

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le lourd bâton de chêne que tenait à la main le vieux marchand, et alla se placer près du mousquetaire.

— Éloignez cette canaille, et battez-vous en gentilhomme ! cria de Catinat.

— Beau gentilhomme vraiment, dont la famille colporte du drap !

— Lâche ! je vous rentrerai vos paroles dans la gorge.

Il s’élança, et porta à Dalbert un coup d’épée qui l’aurait transpercé si le lourd sabre d’un dragon ne s’était abattu au même moment, brisant l’arme plus légère au ras de la garde. Avec un cri de triomphe, son ennemi se précipita sur lui, sa rapière en avant ; mais le jeune étranger, d’un coup de bâton, fit voler l’arme qui sauta en l’air et retomba à terre avec un bruit de métal. Cependant, un des soldats, dans l’escalier, avait tiré un pistolet et, le tenant à quelques pouces de la tête du mousquetaire, il allait régler définitivement l’issue du combat, quand un petit vieillard qui était monté tranquillement de la rue, et avait suivi avec un sourire intéressé et amusé tous les incidents de la bataille, s’avança tout à coup, et commanda à tous les combattants de rentrer leurs armes, d’une voix si décidée, si sévère et si pleine d’autorité que toutes les pointes des sabres sonnèrent ensemble sur le sol, comme si tout ce monde eût été à l’exercice.

— Ma parole, messieurs, ma parole ! dit-il en jetant successivement à chacun un regard sévère.