Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/8

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gris pommelé, avait le dos ruisselant de sueur, le ventre couvert de boue, les jambes à demi arquées, comme fourbu par la fatigue. Cependant le cavalier, s’étant assuré qu’il était bien devant la maison qu’il cherchait, sauta légèrement à terre, et prenant son mousquet, sa couverture et ses sacs, il se dirigea vers la porte en écartant du coude ceux des badauds qui se trouvaient sur son chemin et frappa bruyamment.

— Quel est cet homme, demanda Catinat ? Un Canadien ? J’en suis presque un moi-même. J’avais autant d’amis de l’autre côté de la mer que de celui-ci. Il se peut même que je le connaisse. Les visages blancs ne sont pas en si grand nombre là-bas et il n’y en a guère qu’un que je n’aie vu entre le Saguenay et le Nipissing.

— Il est des provinces anglaises, Amaury, mais il parle notre langue : sa mère était de sang français.

— Comment se nomme-t-il ?

— Amos… Amos… Ah ! ces noms anglais… Green… oui c’est cela… Amos Green. Son père et le mien ont été en relations de commerce, et aujourd’hui son fils, qui, à ce que j’ai compris, a passé, jusqu’ici, sa vie dans les bois, faisant le métier de trappeur, vient en France pour prendre un peu contact avec les hommes et s’initier à la civilisation. Ah ! mon Dieu, qu’y a-t-il ?

Des cris perçants venaient de retentir dans le corridor. En un clin d’œil Catinat fut dans l’escalier.