Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/7

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Et cependant aucune excuse ne sera acceptée si je ne suis pas à Versailles. Mais voyez, voici un cavalier qui s’arrête à la porte. Il n’a pas d’uniforme. C’est peut-être un messager envoyé par votre père.

La jeune fille courut vivement à la fenêtre et regarda au dehors, la main appuyée sur les tresses d’argent garnissant l’épaule de son cousin.

— Ah ! s’écria-t-elle, j’avais oublié : c’est l’homme d’Amérique. Père m’avait dit qu’il devait arriver aujourd’hui.

— L’homme d’Amérique ? répéta le soldat d’un ton de surprise, et tous les deux ils tendirent le cou pour mieux voir dans la rue. Le cavalier, un jeune homme solidement bâti, avec de larges épaules, un visage entièrement rasé, leva sa tête bronzée et énergique dans leur direction et parcourut des yeux la façade de la maison. Il était coiffé d’un chapeau mou de couleur grise d’une forme peu parisienne, mais le reste de son costume, un habit sombre et de grandes bottes, était tel qu’un bourgeois quelconque en eût pu porter. Cependant son apparence générale était si insolite qu’un groupe de badauds s’était amassé autour de lui, examinant curieusement l’homme et sa monture. Un vieux mousquet était attaché par la crosse à l’étrier et dressait son long canon bruni derrière le dos du cavalier. De chaque côté du cheval pendait un grand sac noir, et une couverture voyante à raies rouges était roulée en travers contre la selle. Le cheval, une forte bête