Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/82

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homme. Quand une maison arbore comme enseigne un officier de dragons les talons en l’air, vous avouerez qu’il est difficile de continuer son chemin sans demander ce qui se passe. Mais je crains bien qu’aussi longtemps que vous serez huguenot il n’y ait pas de tranquillité pour vous en France.

— La loi est dure pour nous, en effet.

— Elle sera plus dure encore, si j’en crois les nouvelles qui me parviennent de la cour. Je m’étonne que vous restiez dans ce pays.

— Mon commerce et mon devoir me retiennent ici.

— Ma foi, chacun connaît ses propres affaires. Mais ne pensez-vous pas qu’il serait sage de fuir devant la tempête, eh ?

Le huguenot eut un geste d’horreur.

— Bon ! bon ! Je n’ai pas voulu vous offenser… Et où donc est cette belle jeune fille qui a été la cause de tout ce bruit ?

— Où est Adèle, Pierre ? demanda le marchand au vieux domestique qui apportait sur un plateau d’argent une bouteille ventrue et des verres de Venise.

— Je l’avais enfermée dans ma chambre, maître.

— Et où est-elle maintenant ?

— Me voici, père, dit la jeune fille en entrant et allant entourer de ses bras le cou du vieillard. J’espère que ces méchants hommes ne vous ont pas fait de mal ?