Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/85

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avait barré la rue alors qu’ils revenaient de Versailles.

— Par ma foi, dit-il en se retournant vers le jeune Américain, nous devons des remerciements au prince, mais il me semble que nous sommes encore plus obligés envers vous. Vous avez risqué votre vie pour ma cousine, et, sans votre bâton, Dalbert me passait sa rapière au travers du corps. Votre main, monsieur. Il y a des choses qu’un homme n’oublie pas.

— Et vous pouvez le remercier, ajouta le vieux huguenot qui rentrait après avoir accompagné son illustre hôte jusqu’à sa voiture. Il s’est dressé en champion des affligés et en protecteur des faibles. Recevez la bénédiction d’un vieillard, Amos Green, car mon propre fils n’eût pas fait mieux que vous n’avez fait, vous, un étranger.

Mais le jeune homme semblait plus embarrassé de leurs remerciements que de ses aventures précédentes. Le sang monta à son visage aussi lisse que celui d’un jeune garçon et sur lequel deux lèvres bien dessinées et deux yeux vifs indiquaient un caractère plein de fermeté et de résolution.

— J’ai une mère et deux sœurs de l’autre côté de l’eau, dit-il timidement.

— Et vous respectez les femmes pour elles-mêmes.

— Nous respectons toujours les femmes, là-bas. C’est peut-être parce que nous en avons peu. Dans ces vieux pays de ce côté-ci vous n’avez pas