Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/93

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tivement sur la poussière. Puis, d’un pas rapide et furtif, il se mit à courir en zigzag sur la route, grimpa sur un fossé, et se dressa dans une éclaircie de la haie, les narines dilatées, l’œil brillant, toute sa figure exprimant une excitation intense.

— Il est fou, murmura Catinat, en saisissant la bride du cheval sans cavalier. Le spectacle de Paris lui a dérangé l’esprit. Par le diable ! qu’est-ce qui vous prend, que faites-vous là les yeux écarquillés ?

— Un daim a passé ici, dit l’autre à voix basse en indiquant du doigt l’herbe du fossé : voilà sa trace, elle se dirige sur le bois qui est là-bas. Il n’y a pas longtemps, et il n’allait pas vite, les empreintes sont nettes. Si j’avais seulement pris mon fusil, nous aurions pu le suivre et nous aurions rapporté un quartier de venaison au vieil homme.

— Pour l’amour de Dieu, remontez à cheval, cria Catinat d’une voix effrayée. J’ai bien peur qu’il ne vous arrive quelque mauvaise aventure avant que je ne vous aie ramené en sûreté dans la rue Saint-Martin.

— Qu’ai-je encore fait de mal ? demanda Amos Green en se remettant d’un bond en selle.

— Mais, mon pauvre ami, ces bois sont les réserves du roi, et vous parlez froidement de tuer ses daims comme si vous étiez sur les rives du Michigan.

— Des réserves ! Mais ce sont des daims sauvages !