Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/92

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— En paix ! Pourquoi ces hommes alors ?

— Ils se préparent à la guerre.

Le jeune homme secoua la tête d’un air étonné.

— Ils pourraient tout aussi bien se tenir prêts chez eux. Dans notre pays chaque homme a son fusil dans le coin de sa cheminée ; il est toujours prêt, et il ne perd pas ainsi son temps quand tout est en paix.

— Notre roi est puissant et il a beaucoup d’ennemis.

— Et pourquoi a-t-il des ennemis ?

— Mais parce qu’il s’en fait.

— Alors ne vaudrait-il pas mieux que vous vous passiez de lui ?

Le mousquetaire haussa les épaules. — Si nous continuons de ce train-là, dit-il, nous ne tarderons pas à prendre le chemin de la Bastille ou de Vincennes, vous et moi. Il faut que vous sachiez que c’est en servant le pays qu’il s’est fait ces ennemis. Il n’y a pas plus de cinq ans qu’il fit un traité de paix à Nimègue, par lequel il enlevait seize places fortes aux Pays-Bas espagnols. Puis, il a mis la main sur Strasbourg et Luxembourg et il a châtié les Génois, de sorte qu’il y en a beaucoup qui tomberaient sur lui s’il ne se tenait pas prêt.

— Et pourquoi a-t-il fait tout cela ?

— Pour la gloire de la France, et parce qu’il est un grand roi.

L’étranger avait sauté à bas de son cheval et était penché sur le sol, les yeux fixés atten-