Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/95

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pommelé, et ils purent apercevoir une belle figure de femme dont les yeux se portèrent sur eux. Un instant après, un ordre bref partit de la voiture, le cocher arrêta ses chevaux et une main fine et blanche à la portière leur fit signe d’approcher.

— C’est Mme de Montespan, la femme la plus hautaine de France, dit à voix basse Catinat. Elle nous fait signe d’aller lui parler. Imitez-moi.

Il toucha son cheval de l’éperon, lui fit faire une gambade qui l’amena près de la portière et, arrondissant le bras, il enleva son chapeau et s’inclina jusque sur le cou de sa monture, salut qu’imita quoique un peu gauchement son compagnon.

— Ah ! capitaine, dit la dame d’un air assez peu aimable, nous nous retrouvons !

— La fortune m’a toujours été favorable, madame.

— Excepté ce matin.

— Vous dites vrai. Elle m’a imposé un devoir pénible à remplir.

— Et vous l’avez rempli d’une façon odieuse.

— Comment pouvais-je faire autrement, madame ?

La dame eut un sourire de sévérité, et sa belle figure prit cet air de dédain qu’elle savait prendre à l’occasion.

— Vous pensiez que je n’avais plus d’influence auprès du Roi. Vous vous imaginiez que mon temps était fini. Sans doute, il vous a semblé que