Page:Doyle - Les recrues de Monmouth, trad. Savine, 1911.djvu/244

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Ruben et moi nous ne pûmes nous empêcher de rire en entendant cette confession de famille, que notre camarade débita sans laisser voir la moindre confusion, le moindre embarras.

-Vous avez payé cher le manque de discernement de votre père, remarquais-je. Mais que peut donc être cet objet que voici, à notre gauche ?

-C'est une potence, à en juger par l'apparence, dit Saxon en examinant la haute charpente qui se dressait sur un petit tertre. Rapprochons-nous, car c'est à peu de distance de notre route. Ce sont des objets rares en Angleterre, et je vous réponds sur ma foi, que quand Turenne était dans le Palatinat, on voyait plus de potences que de bornes sur les routes. Aussi, pour ne rien dire des espions, des traîtres qu'engendrait la guerre, les coquins de Chevaliers Noirs et de Lansquenets, des vagabonds bohémiens, et par ci par là d'un homme du pays qu'on supprimait pour l'empêcher de mal faire, jamais les corbeaux ne se virent à pareille fête.

Lorsque nous fûmes près de ce gibet solitaire nous aperçûmes comme un paquet de guenilles desséchées où il était à peine possible de reconnaître des restes humains, et qui se balançait au centre.

Ce misérable débris d'humanité était attaché à la barre transversale par une chaîne d