Page:Doyle - Les recrues de Monmouth, trad. Savine, 1911.djvu/314

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Ils n'étaient plus qu'à une dizaine de pas de nous.

Je distinguais aisément les boucles des cuirasses, et les cartouches portées en bandoulière.

Ils firent un pas de plus.

Enfin le pistolet de notre chef partit, et nous tirâmes à toute volée à bout portant, soutenus par une grêle de grosses pierres que lançaient les mains de robustes paysans, placés derrière nous.

Je les entendis heurter casques et cuirasses.

On eût dit la grêle frappant des vitres.

Le nuage de fumée qui, pendant un instant, avait voilé la ligne des chevaux lancés au galop et des braves cavaliers, se dissipa lentement pour nous montrer une scène bien différente.

Une douzaine d'hommes et de chevaux formaient un amas confus, se roulant, s'éclaboussant de jets de sang, ceux qui n'étaient pas atteints tombant sur ceux que nos balles et nos pierres avaient abattus.

Des destriers qui se démenaient, renâclaient, des pieds ferrés, des corps humains qui se relevaient, chancelaient, retombaient, des soldats affolés, sans chapeau, éperdus, presque assommés par une chute, ne sachant de quel côté se tourner, tel était le premier plan du tableau, et au fond le reste de l'escadron fuyait à toute allure, les blessés et les autres, tous poussés par un commun désir d'arriver à un endroit sûr,