Page:Doyle - Un crime étrange.djvu/183

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qu’une seule chose pourrait adoucir sa douleur : la joie d’infliger de ses propres mains un châtiment complet, un châtiment terrible, à ses cruels ennemis. Il se fit donc à lui-même le serment de n’avoir plus que ce seul but dans la vie et d’y consacrer toute sa volonté, toute son énergie. La figure pâle, les traits contractés, il retourna chercher le cuissot de mouflon à l’endroit où il l’avait laissé tomber et, ayant ravivé les restes du feu, il le lit cuire de façon à assurer sa nourriture pour quelques jours. Puis il l’enveloppa soigneusement et, insoucieux de son immense fatigue, il se mit en marche à travers les montagnes pour suivre les traces de ceux qui s’intitulaient eux-mêmes les Anges de la Vengeance.

Cinq jours durant, il chemina harassé, les pieds en sang, à travers les défilés qu’il avait déjà traversés à cheval. Le soir il se laissait tomber dans une anfractuosité de rocher et dormait quelques heures, mais le lever du soleil le retrouvait toujours en marche.

Enfin le sixième jour, il atteignit le col de l’Aigle, ce col qui avait été le point de départ de leur fatal exode et de là il put apercevoir la demeure des saints. Brisé par la fatigue, obligé de s’appuyer sur sa carabine, il brandit son poing décharné dans l’espace et menaça la grande ville qui s’étendait silencieuse à ses pieds. En regardant plus attentivement de ce côté il distingua des drapeaux déployés