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Page:Dozon - Contes albanais, 1881.djvu/49

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LES SŒURS JALOUSES 13

deux sœurs dépêchent la vieille : T’a-t-il apporté la fleur ? demanda-t-elle à la jeune fille ? — Oui, il me Ta apportée. — Tu es contente, reprit l’autre, mais, si tu avais le mouchoir de la Belle de la terre, ce serait bien autre chose encore. Au retour de son frère, elle se prit à pleurer et le frère, la voyant tout en larmes, lui demande ce qu’elle avait. Quelque plaisir, fit-elle, que me cause la fleur, tant que je n’aurai pas le mouchoir de la Belle de la terre, je ne serai pas heureuse. Et lui, voulant que sa sœur n’eût pas même l’ombre d’un chagrin, monte à cheval et, pour ne pas nous étendre davantage, il va, le prend et le rapporte à sa sœur. Le lendemain, quand le jeune homme fut parti pour le café, voilà la vieille sorcière qui revient et qui s’informe au sujet du mouchoir. Ensuite elle dit : Que tu es heureuse, ma fille, d’avoir un frère, qui te procure tout ce que tu désires. Mais, si tu veux passer ta vie comme une femme de pacha *, il faut avoir aussi la maîtresse du mouchoir. Pour faire plaisir à sa sœur, notre jeune

  • . L’idéal des femmes, en pays turc.