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LE CAPITAINE DREYFUS

pour moi. Toujours merci pour leurs bonnes et affectueuses lettres.

Mille caresses à nos chers enfants, et pour toi les meilleurs, les plus tendres baisers de ton dévoué,

Alfred.

Je n’ai pas encore reçu les envois que tu m’annonçais dans tes lettres du 25 novembre et du 25 décembre. Par suite de quelles circonstances tes envois sont-ils aussi longs à me parvenir, c’est ce que je ne saurais dire. Peut-être tes prochains envois de livres par colis postaux me parviendront-ils plus rapidement ? Je le souhaite, car la seule chose qui me soit possible, la lecture, peut calmer un peu mes douleurs de tête, et malheureusement, cela même me manque bien souvent.

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Le 5 mars 1896.
Ma chère Lucie,

Je n’ai pas encore reçu tes chères lettres de janvier. Quelques lignes seulement pour t’envoyer l’écho de mon immense affection. T’écrire longuement, je ne le puis. Mes journées, mes heures s’écoulent monotones, dans l’attente angoissante, énervante, de la découverte de la vérité, du misérable qui a commis ce crime infâme. Te parler de moi, à quoi bon ? Mes souffrances, tu les comprends, tu les partages. Elles ne peuvent avoir qu’un terme comme les tiennes, comme celles de tous les nôtres, quand la lumière pleine et entière sera faite, quand l’honneur nous sera rendu.