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LETTRES D’UN INNOCENT

souci suprême, celui de l’honneur de mon nom, du nom que tu portes, que portent mes enfants, t’embraser du feu ardent qu’anime mon âme, feu qui ne s’éteindra qu’avec ma vie.

Je t’embrasse du plus profond de mon cœur, de toutes mes forces, ainsi que mes chers et adorés enfants.

Ton dévoué,

Alfred.

Mille baisers aux chers enfants encore et toujours ; tous mes souhaits de bonheur pour Marie et son cher mari ; tout autant de baisers pour tous mes chers frères et sœurs, pour Lucie et Henri.

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Le 4 septembre 1897.
Chère Lucie,

Je viens de recevoir le courrier du mois de juillet. Tu me dis encore d’avoir la certitude de l’entière lumière ; cette certitude est dans mon âme, elle s’inspire des droits qu’a tout homme de la demander, de la vouloir, quand il ne veut qu’une chose : la vérité.

Tant que j’aurai la force de vivre dans une situation aussi inhumaine qu’imméritée, je t’écrirai donc pour t’animer de mon indomptable volonté.

D’ailleurs, les dernières lettres que je t’ai écrites sont comme mon testament moral. Je t’y parlais d’abord de notre affection ; je t’y avouais aussi des défaillances physiques et cérébrales, mais je t’y disais non moins énergiquement ton devoir, tout ton devoir.