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LE CAPITAINE DREYFUS


Si donc le corps, le cerveau, le cœur, tout est épuisé, l’âme est restée intangible, toujours aussi ardente, la volonté inébranlable, forte du droit de tout être humain à la justice et à la vérité, pour lui, pour les siens.

Et le devoir de tous, c’est de concourir de tous leurs efforts, de tous leurs moyens à cette simple mesure de justice et de réparation, c’est de mettre enfin un terme à cet épouvantable et trop long martyre de tant d’êtres humains.

Je souhaite donc, ma bonne chérie, que notre effroyable supplice ait bientôt un terme.

J’ai reçu dans le courant du mois les lettres de tes chers parents, de tous les nôtres. Je leur ai répondu. Mes meilleurs baisers à tous.

Et pour toi, pour nos chers enfants, toute la tendresse de mon cœur, toute mon affection, toute ma pensée qui ne vous quitte pas un seul instant.

Mille baisers encore,

Alfred.
————
Le 6 décembre 1897.
Ma chère et bonne Lucie,

Je ne veux pas laisser partir le courrier sans t’écrire, pour te répéter toujours, il est vrai, les mêmes paroles.

Comme je te l’ai dit depuis de longs mois, je ne vis que par une tension inouïe des nerfs, de la volonté, et c’est lorsque je succombe sous le poids de telles souffrances que ta pensée, celle des enfants, me font relever, vibrant de douleur, de volonté, devant ce que nous avons de plus précieux en ce