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INTRODUCTION

Les témoins de ce « oui » désormais indiscutable sont déjà nombreux.

C’est Me Demange, avocat, qui a raconté, sous la foi du serment, comment son confrère, M. Salle, en a un jour reçu la déclaration expresse d’un membre du Conseil de guerre de 1894.

C’est le secrétaire de Me Demange qui confirme les souvenirs de ce dernier.

C’est l’éditeur Stock qui a recueilli, lui aussi, comme M. Salle, semblable aveu d’un autre membre du même Conseil de guerre et qui a, en outre, pu spécifier, sans recevoir un démenti, le nombre et la nature des pièces secrètes abusivement communiquées.

C’est le lieutenant-colonel Picquart qui a fait connaître comment cette communication avait été préparée, par la remise aux mains du commandant du Paty de Clam, en décembre 1894, du dossier secret.

C’est le récit de l’Éclair, dans son numéro du 15 septembre 1896.

Ce seront, enfin, tous les membres du Conseil de guerre, le jour où leur langue voudra bien se délier en dehors des confidences particulières.

La preuve fournie sur ce point suffit à faire crouler tout entier le procès de 1894, car le premier droit d’un accusé est de savoir ce dont on l’accuse et d’être mis en état de se justifier, ainsi que M. le Procureur général de la Cour de cassation l’a proclamé dans l’intérêt de la loi.

Pour rassurer les esprits, M. le Ministre de la guerre n’avait pas craint de dire à la Chambre que Dreyfus avait été régulièrement et légalement condamné.