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INTRODUCTION

C’est le contraire qui se trouve constaté. Le capitaine Dreyfus a été irrégulièrement et illégalement condamné.

II

Dreyfus n’est pas l’auteur du bordereau qui lui a été attribué à tort en 1894 et qui était l’unique chef d’accusation pouvant motiver sa condamnation.

Un rapide récit des faits est nécessaire.

Un jour, en 1894, un espion a apporté au Ministère de la guerre une lettre qu’il a dit avoir été surprise à l’ambassade d’Allemagne et qui tendait à démontrer qu’un de nos officiers livrait les secrets de la défense nationale à M. de Schwartzkoppen, attaché militaire auprès de cette ambassade.

C’est cette lettre qui a été appelée le Bordereau, parce qu’elle contenait l’énumération de documents qui venaient d’être communiqués à l’attaché militaire.

Trouver l’auteur du bordereau, c’était mettre la main sur le traître. Malheureusement, on partit de cet a priori que la trahison devait avoir été commise dans les bureaux mêmes de la Guerre. On prit, en conséquence, des spécimens d’écriture de tous les employés du Ministère ; après comparaison, on en retint quelques-uns qui offraient des traits plus ou moins éloignés de ressemblance avec la pièce dénonciatrice. Bientôt on n’en conserva qu’un seul : celui qui émanait du seul juif de la maison, le capitaine Dreyfus, qui, dès qu’il se trouva directement accusé, apparut comme devant être forcément coupable.