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LE CAPITAINE DREYFUS

dire : « Pardon, on s’est trompé, l’erreur est découverte. »

Maintenant, j’attends lundi. Dorénavant, les semaines ne se composeront plus que des deux jours où tu dois venir me rendre visite. Tu ne peux te figurer combien j’admire ton abnégation, ton héroïsme, combien je puise de courage dans ton amour si profond et si dévoué.

Remercie ta sœur Alice de son excellente lettre, qui m’a fait bien plaisir. Donne aussi de mes nouvelles à tous les membres de la famille, auxquels je ne puis écrire. Dis-leur que leurs lettres sont toujours les bienvenues.

Je t’embrasse bien, bien fort,

Alfred.
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Le 14 janvier 1895.
(Lundi, 9 heures du matin)

Enfin voici de nouveau le jour heureux où j’ai le plaisir de te voir, de t’embrasser, de recevoir des nouvelles verbales de vous tous. J’ai tant de choses à te dire… mais en te voyant, ne vais-je pas de nouveau, dans l’émotion qui me saisira, tout oublier ?

Cette nuit, je ne me suis encore endormi qu’à 2 heures du matin. J’ai pensé à toi, à vous tous, à cette énigme épouvantable que je voudrais déchiffrer… J’ai roulé dans ma cervelle mille moyens plus violents, plus extravagants les uns que les autres à vous indiquer pour déchirer le voile derrière lequel s’abrite un monstre.

Que veux-tu, ma chérie, nuit et jour je ne pense qu’à cela ; mon esprit est constamment tendu vers ce