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CHAPITRE IV

comment jean tapin reçut le baptême du feu.


En sortant du camp, Jean aperçut, à quatre cents mètres environ, un feu de bivouac. C’était dans la direction de la vallée, et il devina le poste de grand’garde, chargé de fournir les sentinelles postées à la lisière des bois.

Il se dirigea de leur côté, ne songeant pas à se demander comment ce poste pouvait commettre la faute d’allumer des feux si près de l’ennemi, révélant ainsi sa présence et s’exposant à être surpris.

Si vous vous le demandez à sa place, mes enfants, je vous renverrai à ce que je vous ai déjà dit de la discipline, dans ces troupes de formation si récente ; elle était remplacée par une extrême bonne volonté, ce qui n’est pas toujours suffisant.

Pourtant le poste dont il s’agit veillait, car les hommes qui le composaient, au nombre d’une trentaine, avaient quitté le feu autour duquel ils étaient groupés en entendant la rumeur qui montait de la vallée et, tapis à droite et à gauche de la route, ils attendaient.

Tous, sauf trois hussards démontés, appartenaient à la compagnie franche des « Ransonnets ».

Jean n’était plus qu’à une centaine de mètres d’eux, lorsque, au changement de pente, le fond de la vallée lui apparut, et, sur la route même, se dessina, montant vers le plateau, une longue colonne sombre, sur laquelle les premières lueurs de l’aurore faisaient scintiller des armes.

Son premier mouvement fut de revenir en arrière et de donner l’alerte.