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CHAPITRE V

valmy


Quand l’action fut terminée et que les derniers fuyards du corps de Clerfayt eurent disparu dans les profondeurs des bois, le général Chazot s’occupa d’organiser la position qu’il venait si heureusement de reconquérir, et de poster des grand’gardes pour surveiller le débouché de la vaste clairière, au milieu de laquelle s’élevait le petit village de la Croix-aux-Bois.

Il fit demander d’urgence à Vouziers des canons de huit et de douze, arrivés depuis la veille de Sedan, afin de les mettre en batterie sur les hauteurs qui bordent le défilé. Il renvoya en arrière le 4e bataillon de volontaires qui, chargé par Dumouriez de la défense de la Croix, avait fui devant cent chasseurs autrichiens.

Puis il se préoccupa de faire rechercher les blessés sans distinction de nationalité, fit établir par les chirurgiens une ambulance dans la ferme principale de la Croix-aux-Bois et envoya sans tarder à Grand-Pré son bulletin de victoire.

Mais s’il était heureux et fier de ce succès, dû à l’entrain de sa division, il ne l’était pas plus que le plus petit et le plus jeune de ses soldats.

Jean Tapin exultait.

Il avait reçu le baptême du feu !

Il ôtait et remettait sans cesse son chapeau, regardant la balle qu’il avait reçue dans sa cocarde, et que le colonel lui avait dit de garder pour montrer