Page:Driant, Histoire d’une famille de soldats 2, 1899.djvu/191

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très vieille, très démodée ; et pourtant, il y a cinquante-trois ans, alors que Normand, Delisle et Jean Cardignac firent leur premier essai, personne n’osait croire à la réussite pratique de leur tentative. Seul, de Nessy, qui par l’intermédiaire de Henri s’était lié avec Jean, avait partagé leur foi, et était devenu, pour les inventeurs, un soutien moral et aussi un excellent conseil.

Sa science de marin lui avait permis de donner à nos ingénieurs des conseils pratiques pour la navigabilité de leur bateau. Ce fut aussi l’officier de marine qui, grâce à ses relations au ministère, attira sur cette découverte l’attention qu’elle méritait ; et, depuis cette époque, l’hélice fut chaque jour considérée avec plus de faveur dans la marine française.


Le canon rayé.
Ce succès obtenu, le soldat, chez Jean, avait reparu dans l’ingénieur, et le capitaine s’était remis avec ardeur aux études qu’il avait commencées, depuis longtemps déjà, sur les canons rayés. Laissez-moi vous donner, à leur sujet, mes enfants, une courte et nécessaire explication.


Vous savez que les premiers canons qu’on fabriqua n’étaient autre chose qu’un long tube formé de madriers, que des frettes, c’est-à-dire de forts anneaux de métal, maintenaient ensemble, afin de leur permettre de résister à la déflagration de la poudre.

Ensuite on fondit les canons avec du bronze, d’où cette définition d’un mauvais plaisant que, pour avoir un canon, il suffit de prendre un trou et de couler du bronze autour.

Il y a vingt-cinq ans, le bronze était encore presque universellement employé à la fabrication des pièces, sauf dans la marine qui possédait des canons de gros calibre en fonte.

Pour charger les canons d’alors, on devait introduire la charge et le projectile par l’orifice appelé « bouche » ; il fallait donc que le boulet fût de diamètre un peu moindre que « l’âme ». (On nomme ainsi le tube intérieur du canon.)

De cette différence de diamètre naissait un double inconvénient.