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très près de la côte, contre cette pointe-là, à droite : lieutenant Cardignac, allez-y vous-même avec une patrouille.

Cinq minutes plus tard, Henri, le maréchal-des-logis Goelder et cinq, chasseurs, se dirigeaient vers le point où était apparue la fusée.

Les officiers, les matelots et le reste des chasseurs, silencieux, le cou tendu dans la direction que la patrouille avait prise, attendirent fiévreusement son retour.

Un quart d’heure s’était à peine écoulé, qu’au milieu du silence que coupait seul le chuchotement de quelques conversations à voix basse, l’écho renvoya aux naufragés le bruit bien distinct de coups de feu isolés.

Une action était engagée là-bas, derrière les rochers, car des lueurs rouges zébraient leur crête noire.

Sans doute l’équipage du Silène, débarqué, lui aussi, se trouvait aux prises avec un groupe arabe.

Le parti du commandant d’Assigny fut rapidement pris.

— De Nessy ! formez tout votre monde en une seule colonne et… En avant !

Cet ordre s’exécuta avec rapidité.

— En avant ! En avant ! s’écria le commandant en tirant son épée.

Cet appel était bien inutile, car tous, chasseurs et matelots, se sentaient emportés par un même élan d’énergie. Tout à coup, un chasseur tomba. En même temps, des branches d’arbustes se cassèrent avec un bruit sec.

— Nous y sommes ! dit simplement de Nessy.

Il n’y avait pas à s’y tromper : les balles sifflaient, la mort planait sur la petite troupe. On entendait nettement, traversant les fourrés, les cris gutturaux des Arabes, mêlés à des exclamations françaises.

Une voix énergique — celle de Cardignac — donnait des ordres :

— Par ici, les chasseurs !… Défilez-vous !… Tonnerre ! Ne vous laissez pas cerner !…

— Nous voilà !… nous voilà !… Tenez ferme ! cria de Nessy ; nous arrivons.

Un dernier élan des nôtres les porta jusque sur le terrain même de la lutte.

Il était temps !

Sur les sept hommes partis en patrouille ; trois seulement restaient :