Page:Driant, Histoire d’une famille de soldats 2, 1899.djvu/375

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Sur ces entrefaites, le frère de Margarita parut : il avait quitté le général Brignone dont il était l’officier d’ordonnance, pour venir embrasser sa mère et sa sœur et je vous laisse à penser avec quelle effusion il serra entre ses bras son ami devenu son frère.

Le soir même, d’ailleurs, Pierre ayant pu retrouver le lieutenant-colonel Cardignac, le présentait à sa nouvelle famille, lui demandait son consentement à l’union rêvée, et Jean Cardignac reprenait ainsi, auprès de Pierre Bertigny, le rôle de père adoptif, laissé vacant par son frère Henri.

Le mariage fut fixé à la conclusion de la paix. Aussi, et si désireux qu’il fût de se signaler, Pierre Bertigny en arriva-t-il à la désirer aussi vivement que Napoléon III lui-même.

Ce n’était pas peu dire.

Mais il fallait encore une victoire avant que la paix fût possible, car l’Empereur d’Autriche, arrivé pour prendre en personne le commandement de son armée, exigeait d’elle un dernier effort.

Le bon génie qui veillait pour la dernière fois sur les destinées de la France la lui donna dans les plaines de Solférino. Solférino fut ce qu’on est convenu d’appeler, mes enfants, une bataille de rencontre.

C’est-à-dire que Français et Autrichiens, après de nombreux tâtonnements, se mirent, un beau matin, en marche les uns vers les autres, sans connaître exactement leurs positions respectives, et se heurtèrent le jour où ils y songeaient le moins.

Les deux armées étaient d’égale force : 160.000 hommes de chaque côté.

La bataille eut lieu le 24 juillet, date célèbre dans nos annales, et, plus encore qu’à Magenta, ce fut la supériorité individuelle du soldat français qui la gagna.

Je n’essaierai d’ailleurs pas de vous la raconter, car mon récit ne vous offrirait aucun intérêt : elle ne comporte en effet aucun de ces coups de génie, aucune de ces inspirations du commandement qui forcent les sourires de la Victoire.

Depuis les inquiétudes qui l’avaient assailli le soir de Magenta, en sentant tous ses corps dispersés, Napoléon III ne marchait plus que concentré, et s’il eût pu, il eût formé de son armée un seul carré de 160.000 hommes.

Baraguey-d’Hilliers, de Mac-Mahon, Niel et la Garde avec le Maréchal