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quants !… Sur les nombreux blessés, trois cent huit seulement avaient pu être sauvés, grâce à Cardignac.

Ce combat, qu’on nomme le désastre de la Macta, est un des plus graves que nous avons eu à soutenir pendant la conquête ; s’il ne le fut pas davantage, ce fut grâce à la valeur personnelle des officiers.

Henri, qui comme toujours en était sorti sans blessure, fut porté à l’ordre et proposé pour la croix ; mais il ne devait obtenir cette récompense que plus tard, à la retraite de Constantine.

Vous pensez, mes enfants, si le désastre de la Macta impressionna l’opinion publique en France ! Il eut du moins l’avantage d’attirer l’attention sur l’Afrique, et le fils du roi Louis-Philippe, le duc d’Orléans, obtint de son père l’autorisation de venir servir la France en Algérie.

C’était un gage de sollicitude donné par le roi à l’armée que de lui envoyer son fils : aussi, à dater de ce jour, s’occupa-t-on en haut lieu de mener au mieux les opérations.

Pourtant (pour employer une expression familière) ça n’alla pas tout seul.

On avait résolu d’atermoyer à Oran et de reporter l’effort sur Constantine. Ce fut le maréchal Clauzel qui organisa cette expédition.

Yusuf, rappelé d’Arzew, s’y trouvait déjà avec ses spahis, par conséquent avec Cardignac, qui prit part ainsi au premier siège de Constantine.

Malheureusement, l’effort tenté pour s’emparer de cette place avait été insuffisant.

Le siège dut être levé.

Une nouvelle retraite commença pour nous, retraite qui faillit, elle aussi, se transformer en désastre.

L’arrière-garde était sous les ordres du commandant Changarnier. Elle comprenait un bataillon d’infanterie, des chasseurs d’Afrique et quelques spahis que commandait encore Cardignac.

Soudain, une troupe de cavaliers arabes apparut, forte d’environ six mille hommes. Elle se déploya, prête à charger.

Heureusement Changarnier n’avait pas froid aux yeux.

Calme, souriant, imperturbable, il commanda :

— Formez le carré !

Puis il laissa approcher la trombe jusqu’à cent pas des faces et ordonna :

— Commencez le feu !