Prévenu de son approche, Bourbaki, désespéré, dut prendre le parti de battre en retraite !
Que faire en effet avec des troupes épuisées par des luttes journalières et manquant de tout ?
Les faire écraser dans un dernier et formidable choc ? Laisser broyer l’armée dans l’étau qui se refermait sur elle ? Non !… et malgré l’épuisement des soldats, malgré la température atroce, malgré la neige, malgré tout, le général Bourbaki voulut tenter de sauver son armée par une retraite à travers le Jura.
Hélas ! en temps normal et en terrain ordinaire, la réalisation de ce plan comporterait toujours de nombreuses difficultés ; mais là, c’était une opération militaire terriblement dangereuse à tenter, par les sentiers forestiers où la neige atteignait une moyenne d’un mètre !
On la tenta pourtant ! Elle fut héroïque, mais navrante, et rappelle, par certains côtés, la terrible retraite de Russie.
Georges n’avait pas voulu demeurer à l’ambulance et devenir ainsi prisonnier des Allemands.
Le bras droit en écharpe, s’appuyant sur l’épaule de Mohiloff, il fit, malgré des souffrances intolérables, la première étape à pied.
Mais le lendemain, ses forces le trahirent : il tomba presque évanoui sur le bord du chemin ; et son officier navré dut l’abandonner là, laissant aux ambulances le soin de le recueillir.
Hélas ! les ambulances semaient à chaque kilomètre leurs chevaux épuisés, leurs conducteurs démoralisés.
Les médecins, malgré leur dévouement, ne pouvaient suffire à leur tâche.
Les hommes s’asseyaient dans la neige, les yeux fous, tremblant de fièvre et de froid ; les pieds gelaient, les mains tombaient inertes, la mort passait !
Les fourgons étaient pleins de malades, d’écloppés, de blessés, que la poursuite des Allemands talonnait.
Souvent en effet des coups de feu arrivaient dans cette triste arrière-garde, y semant le désordre.
Ajoutez à cela que, pendant toute cette affreuse retraite, chaque homme, officier ou soldat, ne toucha, comme ration journalière, qu’une pomme de