Page:Driant, Histoire d’une famille de soldats 3, 1904.djvu/175

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Un « melon » a dû descendre d’un dortoir du 2e étage.
avoir cela dans le sang, pour faire ce que tu as fait. Ah ! que tu es heureux, toi, d’être déjà soldat, de l’avoir été surtout dans de pareilles circonstances !… Moi, je sens que j’ai tout à apprendre, tout à transformer en moi… Je vais être maladroit… emprunté… « cosaque », comme disent les anciens. Ils vont me brimer… J’en ai peur, moi, des anciens : ils arrivent lundi.

— Bah ! fit Georges, c’est l’affaire des premiers jours ; et puis, c’est la tradition de Saint-Cyr : il faut se soumettre.

— Oh ! je ne me plains pas… je sais bien que les brimades forment le caractère… Mais, tel que tu me vois, j’ai mauvais caractère, et j’ai peur de les supporter avec peine.

— Toi,… mauvais caractère !… Vrai, on ne le dirait pas… Tu as plutôt l’air d’une petite fille.

— C’est parce que tu ne me connais pas. Au lycée de Reims, si je n’avais pas eu des succès au concours général, on m’aurait mis dix fois à la porte, tant j’étais turbulent et indiscipliné.

— Alors, les brimades te feront du bien.

— Je ne dis pas non, mais il y en a de trop raides vraiment. Ainsi, il y a deux ans, un melon a dû descendre d’un dortoir du 2e étage par les