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seront la plupart du temps mal commandées, et pourtant vous les verrez, quand même, prolonger la résistance avec honneur.

Après Sedan, les événements s’étaient précipités avec une rapidité inouïe.

Le 4 septembre, une révolution pacifique avait déclaré l’Empire déchu et proclamé la République ; un gouvernement de la Défense Nationale avait été installé, qui s’était immédiatement occupé d’organiser la défense de Paris.

Mais les armées prussiennes avançaient sans rencontrer de résistance sérieuse, et, le 20 septembre, Paris lui-même était investi.

Une partie du gouvernement de la Défense Nationale s’était transportée ailleurs ; l’un de ses membres, Gambetta, sortit de Paris en ballon et parvint à les rejoindre : son nom restera parmi les plus grands et les plus honorés, car il galvanisa le patriotisme des Français. Il fut l’âme et l’organisateur de la résistance à outrance, et faisant vibrer la France, au son de ses ardentes paroles, il fit jaillir de notre sol des armées — improvisées, il est vrai, et peu instruites — mais qui du moins sauvèrent l’honneur.

Les gardes mobiles, les gardes nationales mobilisées, composées de célibataires ou de veufs sans enfants, s’armèrent, s’équipèrent tant bien que mal et marchèrent à l’ennemi.

Une fièvre analogue à celle de 1792 au moment de « la Patrie en danger ! » passa sur le pays ; et, en quelques semaines, six cent mille hommes vinrent suppléer les armées disparues à Sedan ou bloquées dans Metz.

On les divisa en deux armées : l’armée de la Loire et l’armée des Vosges. Il faut y joindre l’armée de Paris qui défendait la capitale, et peu après l’armée du Nord qui s’organisa sous les ordres du général Faidherbe.

Du 20 septembre au 30 octobre 1870, l’armée de Paris livra les combats de Chevilly, de Bagneux, de la Malmaison et du Bourget. Dans le même laps de temps, l’armée de la Loire soutint, pour couvrir Orléans, le combat d’Artenay ; dans le même rayon d’opérations, je veux vous citer l’héroïque défense de Châteaudun qui eut lieu le 18 octobre 1870. Cette superbe résistance d’une ville ouverte, défendue seulement par les neuf cents francs-tireurs du commandant Lipowski et trois cents gardes nationaux, rendit les Allemands furieux ; en véritables sauvages, ils brûlèrent la ville en entier[1].

  1. Depuis, la ville de Châteaudun a reçu le droit de porter dans ses armes la croix de la Légion d’honneur, en récompense de son héroïsme.