Page:Driant, Histoire d’une famille de soldats 3, 1904.djvu/19

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Une joie enfantine et injustifiée surexcite d’abord les cœurs à la nouvelle d’une simple escarmouche à Sarrebrück, escarmouche que l’opinion prend d’abord pour une décisive victoire ; puis, brutalement, c’est le réveil désenchanté des Français avec Wissembourg, Forbach, Frœschwiller, où, malgré les héroïques efforts de soldats merveilleux, nous sommes vaincus par manque d’organisation.

Ensuite c’est la magnifique armée du Rhin, comprenant la Garde impériale, bloquée dans Metz, grâce à la trahison de son chef, le Maréchal Bazaine, qui pourtant eut pu se dégager, car les batailles de Borny, de Bezonville, de Saint-Privat furent en réalité — les deux premières au moins — des succès, dont Bazaine « ne voulut pas profiter ».

C’est à cette phase douloureuse que s’arrête ce second volume : les « Filleuls de Napoléon ». Il se termine (vous ne l’avez pas oublié) sur une tristesse, car, vous avez vu votre ami Georges Cardignac, le petit-fils de Jean Tapin, pleurer son père, tué à Saint-Privat, et jurer, comme aux temps héroïques, de venger sa mort.

Vous allez voir du reste, mes enfants, par la suite de ce récit, que Georges tint scrupuleusement son serment, et se montra le digne héritier des vertus militaires de son grand-père, de son père et de son oncle. Quelques jours après Saint-Privat, en effet, Georges Cardignac recevait à Bazeilles le baptême du feu, et réussissait à s’évader de Sedan, accompagné de Pierre Bertigny que vous n’avez pas oublié non plus, n’est-ce pas, mes enfants ?

Sedan ! nom évocateur du pire désastre, car ce jour néfaste du 1er  septembre 1870 vit tomber, malgré sa bravoure, la dernière armée française, que des ordres ineptes avaient contraint son chef héroïque, le Maréchal de Mac-Mahon, à entasser dans cette position désastreuse de Sedan.


1er  septembre 1870 : hélas ! cette date marque la fin de la première période de la guerre ! À partir de ce jour, il n’existe plus en France d’armée proprement dite : j’entends par là, d’armée composée de soldats éprouvés.

Il va en surgir de nouvelles, c’est vrai ! Elles auront des qualités de bravoure innée, mais manqueront de cohésion, souvent de discipline,