CHAPITRE XI
chez les pavillons-noirs
Dix mois après les événements que je viens de vous raconter, mes enfants, le 2 juin 1882, Georges Cardignac quittait le Sénégal pour n’y plus revenir.
Et votre étonnement sera grand si vous vous souvenez de l’enthousiasme avec lequel il était parti pour ce pays mystérieux appelé à devenir un des plus beaux joyaux de la couronne coloniale de la France, depuis qu’il a comme prolongement les régions peuplées et fécondes du Soudan.
La lettre suivante, qu’il écrivit à sa mère lorsqu’il s’embarqua à Saint-Louis, vous expliquera mieux que je ne pourrais le faire, à quels sentiments intimes et en même temps à quelle fatalité il obéit ce jour-là :
« Je t’avais fait part de mes rêves : ils resteront à l’état de rêve ; c’est fini !
« Je n’ai revu ni Mlles Ramblot, ni leur père, ni M. d’Anthonay. Quand, après la rude campagne de sept mois que nous venons de terminer avec le colonel Borgnis-Desbordes, la colonne est rentrée à Saint-Louis, j’ai appris qu’ils étaient repartis tous les quatre pour la France, par un des derniers bateaux. La santé de M. d’Anthonay, très ébranlée, m’a dit le gérant de son