Page:Driant, Histoire d’une famille de soldats 3, 1904.djvu/41

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mais il répondait sourdement, faiblement aux questions de l’oncle et de M. Ramblot.

Il les remerciait comme s’il eût parlé en rêve.

Le professeur coupa le brodequin et la chaussette du blessé ; il constata que la balle ne semblait pas avoir pénétré trop profondément, bien qu’elle provoquât un fort épanchement de sang, et l’oncle Henri, aidé par M. Ramblot, s’occupait d’arrêter l’hémorragie lorsque le docteur arriva.

L’examen du médecin fut rapide et rassurant.

— Rien de grave, dit-il ; l’os n’est pas atteint : le cuir de la chaussure a dû amortir fortement le coup. Heureusement, car sans ça c’était une mauvaise affaire !… Mais nous n’avons là qu’une plaie, un peu pénétrante, c’est vrai, mais très nette et d’une cicatrisation facile et rapide. Un mois de soins, et cet enfant sera sur pied !

— Ah ! tant mieux ! soupira Georges. Je pourrai donc repartir !!… Merci !… merci, docteur !

Du calme, mon enfant, répondit ce dernier, qui, enlevant sa redingote, déclara :

— Nous allons enlever cette vilaine balle.

Georges eut un léger frisson.

— Voulez-vous que je vous endorme, mon enfant ? j’enverrai chercher du chloroforme.

Non !… Non !… Allez-y ! répondit bravement Georges, qui se concentra dans un effort énergique.

Mais malgré sa fermeté, la douleur lui arracha une plainte, et la fièvre montant avec violence, il s’évanouit.

Là !… c’est fait ! dit au bout d’un instant le docteur. La voilà, la maudite balle !

Il la déposa sur la table en ajoutant :

Cela lui constituera un souvenir original pour plus tard ! Jolie breloque pour une chaîne de montre !

Puis considérant le blessé :

— Eh ! mais ?… s’écrie-t-il, quoi donc ?… On s’est trouvé mal !… Plus personne ? Dépêchons-nous de rouvrir les yeux !

Quelques frictions énergiques, des inhalations d’éther ramenèrent le petit franc-tireur des Vosges à la perception des choses extérieures ; mais il