Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/111

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— 150 mètres ! Dans une minute le ballon va toucher le sol…

Ce sol, on le voit maintenant, c’est la banquise… la banquise toute blanche, toute plate, steppe de neige aux horizons infinis, car, bizarrerie météorologique, le brouillard est infiniment moins opaque au niveau de la glace qu’à 1.000 mètres d’altitude.

Là haut, il y avait comme de la neige en suspension dans l’atmosphère, il semblait qu’on se mût dans de l’ouate. Sur la banquise, c’est un air plus fluide, plus léger, et l’aérostat, dont les passagers distinguent à peine la masse au-dessus d’eux, leur apparaît… creusé de plis, déjà déformé, mais continuant a voler sous la poussée de ses hélices.

Dérisions des précautions et des recherches compliquées : c’est pour essayer de mieux voir les étoiles de l’hémisphère boréal que le savant a demandé cette ascension à 2.000 mètres, et voilà que, au niveau même de la banquise, il serait mieux placé pour les observer.

C’est pour obéir à sa demande inutile que cette expédition, jusque-là conduite, pour ainsi dire, par la main de la chance, va s’achever en drame !…

Mais au moment où, à 150 mètres de terre à peine, le Patrie continue son angle de chute vers la banquise, Georges Durtal remarque la position des ailerons horizontaux.,

Occupé à délester l’aérostat, il n’a pas réfléchi que, tout à l’heure, quand il s’est décidé à descendre de l’altitude de 1.900 mètres sous la morsure du froid,