Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/144

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’autre par des courants opposés, et aussitôt Christiane déclara :

— Je vais essayer de trouver un passage.

Je vous en prie, Christiane, fit l’officier, ne vous éloignez pas… Vous pouvez tomber dans quelque crevasse…

Mais déjà elle ne l’écoutait plus.

Grisée par la solennité de l’heure, elle lançait son léger véhicule le long de l’abrupte muraille de glace pour chercher une brèche.

Quelques minutes s’écoulèrent. Puis le bruit du moteur cessa brusquement et, presque aussitôt, un appel se fit entendre.

Georges Durtal se précipita, le fusil haut.

Mais la voix de la jeune fille ne manifestait aucune terreur, et quand, au détour d’un promontoire formé par la muraille de glace, le jeune officier la retrouva, elle avait quitté son traîneau et, le bras tendu vers la paroi glacée, elle répétait :

— Venez vite !… Regardez !…

Et vraiment ce qui l’hypnotisait ainsi était bien étrange en effet.

Une sorte de monticule de glace était adossé à la falaise comme un hummock tombé de sa crête, et au sommet de cette butte, la nature semblait s’être amusée à planter un drapeau de neige.

S’aidant de son fusil, Georges Durtal escalada aussitôt le monticule, arriva près de la singulière apparence et l’ayant touchée, poussa un cri de stupeur.