Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/17

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pelant des noms et des dates, précisant les latitudes atteintes et montrant, mieux que de longs discours, la persistance de l’idée poursuivie par tant d’explorateurs, depuis 350 ans.

— Tenez, lisez tous ces noms, fit le milliardaire, noms de héros que je mets au-dessus des plus fameux conquérants… ou plutôt laissez-moi vous les énumérer, je vous dirai pourquoi tout à l’heure. Et vous, mademoiselle, accordez-moi toute votre indulgence pour cette leçon de géographie… Songez que, depuis quinze mois, mon cerveau est imprégné de tout cela, mes nerfs tendus vers ce point, ma volonté concentrée là…

— Dites, monsieur, fit la jeune fille d’une voix grave. Vous n’imaginez pas, au contraire, combien je vous comprends.

— Le premier en date, commença le milliardaire, c’est Willoughby, à qui la Compagnie moscovite des marchands de Londres avait confié trois vaisseaux ; il découvrit la Nouvelle-Zemble en 1553 : premier pionnier du passage nord-est, il mourut de froid sur la côte laponne avec tout son équipage. Et comme il avait ouvert la route, les explorations se multiplient : c’est Piet et Jaekmann qui, au seizième siècle, atteignent la mer de Kara ; John Davis qui explore le Groenland jusqu’au 72e degré ; Hudson, qui monte au 80e degré et meurt, trahi par son équipage, sur un bateau entr’ouvert ; William Baffin qui, en 1616, sur un bâtiment de 35 tonnes, le Discovery, parcourt dans tous les sens la mer à laquelle