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Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/205

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un rideau qu’on tire, et la banquise s’étala sous les yeux des aéronautes, immense et striée de reflets électriques, qui en prolongeaient, jusqu’à l’extrême horizon, la nappe éblouissante.

Vers la gauche, du côté opposé au promontoire d’Andrée, la falaise se prolongeait en une ligne fuyante qui allait se fondre dans des blancheurs lointaines.

— Je vois Sirius à l’œil nu, clama le docteur ! Et voici Pollux !… Ah ! si j’avais mon instrument !…

— Les sacs de lest maintenant !

Il en restait une vingtaine, représentant près de 200 kilos. L’Américain coupa successivement les ficelles qui les retenaient au bordage et ils s’écrasèrent dans la neige, sans que la nacelle se soulevât franchement.

Or, tant qu’elle ne tirait pas d’une façon continue sur la corde d’ancre, on ne pouvait espérer voir l’ascension se produire assez rapidement pour éviter les rudes frottements contre la falaise que Georges Durtal redoutait par-dessus tout.

— Christiane, fit-il, je vous en conjure ; entrez dans la tente… Il va se produire des heurts capables de vous jeter dehors… Je n’aurai pas la liberté d’esprit nécessaire, si je crains pour vous.

Elle obéit, rejoignit l’Américaine, et l’officier chercha autour de lui ce qui lui restait à jeter.

Il y avait encore les trois tubes pleins d’hydrogène solidifié ; après eux, le matériel du ballon et les approvisionnements de l’expédition devaient suivre.