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Cependant, le docteur, tout en aidant l’officier de son mieux, se répandait en amers regrets que traduisaient de brusques apartés.

— L’étoile polaire est maintenant visible à l’œil nu… là, cachée par cette masse stupide… Tous mes diplômes pour une observation d’un quart d’heure à cent pas d’ici… C’est une fatalité !…

Mais il s’interrompit. Un coup de tonnerre d’une violence inouïe éclata au zénith, et le ballon parut tout irradié d’effluves phosphorescentes. Une odeur caractéristique, celle de l’ozone, consécutive à la chute de la foudre, emplissait l’atmosphère.

Les éclairs se succédaient pressés, papillonnants, et Georges Durtal ne put retenir une exclamation terrifiée.

— Pourvu que notre ballon ne prenne pas feu !…

L’Américain l’entendit, et vivement se pencha…

Soudain, la nacelle quitta le sol, frôlant la paroi de glace. Un heurt violent de l’aérostat contre la falaise l’en éloigna quelques secondes, mais le long fuseau vint y rebondir de nouveau, imprimant à la nacelle une secousse qui l’inclina à 45 degrés.

L’étoile résisterait-elle à de pareilles épreuves ? Le gaz, comprimé par ces chocs répétés, n’allait-il pas faire sauter la soupape ; ou bien encore les câbles métalliques, rendus cassants par le froid, ne risquaient-ils pas de se rompre ?

Autant de questions angoissées que se posa Georges Durtal pendant les instants d’épouvante où la nacelle escaladait la haute muraille.