Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/207

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— Vous avez donc coupé la corde ? interrogea fébrilement l’officier.

— Il le fallait, commandant.

— Et Bob ?… Il n’est pas là !…

L’Américain ne répondit rien.

Maintenant, la nacelle arrivait au sommet de la falaise. Et voilà que, au moment où l’hélice allait buter contre la glace, Georges Durtal aperçut, accroché à l’une de ses branches, un corps qui s’agitait frénétiquement.

C’était le malheureux nègre qui, laissé à la garde de l’ancre et recevant sur le dos la corde coupée par l’Américain au ras du bordage, s’était suspendu aux tubes de sustentation pour ne pas manquer le départ.

Pendant l’escalade de la muraille, il avait, à coups de pieds vigoureux, écarté de la paroi de glace l’hélice et son axe, de sorte qu’inconsciemment, il avait évité au Patrie ce que Georges Durtal redoutait le plus, un axe faussé ou une branche d’hélice rompue.

Mais quand la nacelle eut dépassé le bord du plateau, elle se coucha, et Bob Midy, obligé de lâcher son point d’appui, disparut..,

Georges Durtal ne put retenir un cri d’horreur.

— C’est votre faute, sir James, si ce malheureux est perdu… Vous deviez le rappeler avant de couper la corde de l’ancre ; vous ne l’avez pas fait !…

La voix du jeune homme tremblait de colère et d’émotion. Près de lui, Christiane, qui venait de sortir de la tente et avait tout deviné, ajouta :