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Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/229

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Mais Georges Durtal protesta avec énergie : le Patrie seul pouvait sauver ses passagers en leur faisant franchir rapidement de vastes espaces ; s’arrêter, c’était se condamner à ramper à la surface de la banquise pendant des semaines et peut-être des mois…

Et pour aboutir où ?…

« Il fallait, coûte que coûte, pousser le plus loin possible » ! Et, après cette affirmation, formulée sur un ton d’autorité qui prévint toute nouvelle objection dans la bouche de sir James, le jeune officier jeta lui-même par-dessus hord une caisse de conserves.

— Si cette brute n’était pas dans un pareil état, gronda sir James en repoussant le corps de Bob d’un coup de pied, il pourrait aller travailler au déboulonnage partiel du réservoir d’essence.

— Non, sir James, c’est un travail que, seul, je vais pouvoir faire, pendant que vous surveillerez le baromètre.

— Vous allez quitter la nacelle, Georges ? demanda anxieusement Christiane.

— Il le faut… Et encore gagnerons-nous ainsi à peine une heure… Le ballon perd de plus en plus…

— Alors, ne vaudrait-il pas mieux s’arrêter, comme vous le proposait sir James, sans jeter nos vivres ?

— Mais une heure gagnée maintenant, c’est cinq ou six jours de marche plus tard, Christiane…et quelles marches !…