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Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/243

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— La colombe de l’arche ! compléta l’Américaine qui ne tenait plus en place.

— C’est même une terre très haute, reprit au bout d’un instant le milliardaire qui s’était fait un auvent de ses deux mains pour mieux observer.

Il n’y avait plus de lunette à bord : les deux jumelles emportées avaient été jetées à la mer par mistress Elliot, dans le moment d’afolement qui avait précédé le lancement au dehors de Bob Midy.

— Oui, c’est une côte… très longue… reprit l’Américain : elle s’étend à droite et à gauche à perte de vue.

— La Sibérie sans doute… James, vraiment la Providence nous conduit par la main…

— A quelle distance la supposez-vous ? demanda Christiane.

— Oh ! très loin encore… Et cependant… il semble qu’elle soit déjà beaucoup plus distincte que tout à l’heure… Nous allons décidément à une rude vitesse !…

Il suffisait d’ailleurs de voir le malheureux nègre pour en juger : soulevé par les aisselles, il bondissait à la surface des lames longues et de plus en plus creuses, que soulevait l’ouragan ; tantôt il les effleurait du bout de ses mocassins, laissant derrière lui une traînée de poussière liquide, tantôt il disparaissait complètement dans une vague.

C’était un de ces supplices auxquels l’imagination la plus raffinée n’eût jamais songé, et l’Américain lui-même assura par la suite qu’il avait été sur le