Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/244

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point de couper la corde sans rien dire, pour mettre un terme à cette souffrance humaine…

Le malheureux n’avait d’ailleurs plus la force de crier et ses mouvements inconscients de nageur avaient cessé. Il n’était plus qu’une épave douloureuse traînée à travers la plaine liquide, comme jadis Mazeppa à travers les steppes de l’Ukraine.

Mistress Elliot se retourna vers lui et, le bras tendu :

— Voici la terre, Bob !… Courage !

Elle n’eût pas parlé autrement à un athlète épuisé dans la course de Marathon, en lui montrant le but, et, sans s’en douter, elle était éminemment comique dans ce rôle.

Un quart d’heure se passa, pendant lequel Georges Durtal disposa dans les encoches ménagées à cet effet les deux portes caoutchoutées qui bouchaient les ouvertures latérales de la nacelle et la transformaient en bateau parfaitement étanche.

Après quoi il réussit à arracher l’un des deux volants de direction et le lança dans la mer, au moment où les vagues léchaient le fond de la nacelle.

Il s’attaqua aussitôt à l’autre,’mais une réflexion de l’Américain l’obligea à observer de nouveau…

— C’est une vraie chaîne de montagnes qui borde cette côte… voyez, commandant… Pourvu qu’elle ne tombe pas à pic dans la mer !…

L’appréhension contenue dans cette remarque semblait se vérifier a mesure qu’on approchait…

C’était en effet une falaise énorme qui commen-