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Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/246

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Il n’avait plus qu’un espoir : trouver au pied de cette falaise une grève, une étroite plage qu’on ne voyait pas encore. Dans ce cas, en opérant la déchirure à temps, on pouvait espérer atterrir avant de heurter le granit.

Mais si la mer battait la haute muraille, si elle se creusait profonde et mugissante a son pied, c’était l’engloutissement sans rémission.

L’Américain avait suivi sur le visage du jeune officier le reflet de ses angoisses. Il lui mit la main sur l’épaule.

— Commandant, dit-il, il n’y a qu’un moyen de ne pas nous briser contre ces roches : c’est de passer par-dessus.

— Évidemment, sir James… mais…

— Et il n’y a qu’un moyen de passer par-dessus, c’est de délester le ballon d’un poids considérable, et tout d’un coup… Or, le poids de Bob ne suffirait plus… Dans un instant, nous allons toucher l’eau !

Et, se penchant au-dessus du bordage, le milliardaire se débarrasse de sa lourde pelisse et la jeta à la mer.

— Donc voici : je vais vous délester de ma personne… Je suis un excellent nageur… je puis aller deux ou trois milles sans fatigue… et je trouverai bien quelque part une brèche, une crique, ou aborder… Nous nous retrouverons demain !…

Je vous confie mistress Elliot, fit-il plus bas.

Ôtant alors une lourde ceinture pleine d’or qu’il portait constamment, il la tendit à sa femme.