Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/251

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Et ce disant, il trancha l’extrémité des câbles qui rattachaient au bordage l’échelle conduisant au ventilateur ; puis aussitôt il s’attaqua aux autres.

— Ne vous préoccupez pas de moi ! fit une voix lasse, lugubre, lointaine.

Et le docteur Petersen, que les dramatiques péripéties de cette course échevelée n’avaient pu distraire de son absorbante préoccupation, brandit un carnet sur lequel il venait de tracer un dernier chiffre…

— Voilà, fit-il, voilà la vérité ! Or, la science, c’est avant tout la vérité !

Ce n’était pas le moment d’interroger le digne homme et de savoir ce qu’il voulait dire par ces mots. Il avait d’ailleurs l’air égaré et il fallut que l’Américain l’obligeât à s’installer sur l’échelle, dont les deux femmes occupèrent en hâte les échelons supérieurs.

— Pour vous, sir James, ce trapèze de suspension : je prendrai l’autre.

—Prenez garde ! cria l’Américain… Ne restez pas dans la nacelle !… Rejoignez-nous vite !

— Georges ! cria à son tour Christiane qui s’était débarrassée de son lourd manteau de fourrures pour être plus libre de ses mouvements ; un câble vient de se rompre… grimpez vite ! les autres vont céder…

La nacelle en effet ne tenait plus à l’aérostat que par quatre points d’attache, et l’un d’eux venait de se briser.