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Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/265

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temps avait cessé d’avoir pour eux les mêmes divisions que pour le reste des hommes.

Le début du journal montre quelle foi dans le résultat de l’expédition animait ces trois apôtres.

2 juillet, 280 mètres. « Je trace ces lignes appuyé sur le rebord de la nacelle, l’âme remplie d’une confiance sans bornes dans cette Providence à laquelle nous nous confions. Le Dieu des glaciers et des tempêtes est aussi le Dieu de bonté et le Maître de la science. Nous sommes dans sa main, suspendus à une bulle de gaz dans l’atmosphère infinie. Un souffle de sa volonté peut, en quelques heures, nous faire atteindre ce Pôle autour duquel ont dû s’arrêter tant de courageux navigateurs. Si c’est une pensée outrecuidante que j’ai conçue en tentant d’y parvenir par une autre voie, que cet accès d’orgueil me soit pardonné ; c’est pour la science et pour le renom de mon pays dans le monde que je l’ai laissée féconder mon cerveau. »

L’Aigle dut demeurer environ trente heures dans l’atmosphère. Il marcha au guide-rope pendant seize heures dans la bonne direction ; puis, l’extrémité renforcée de cet appendice s’étant prise dans une faille de glace, immobilisa le ballon.

Pour recouvrer sa liberté, Andrée dut l’abandonner.