Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/38

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siaste jeune fille une partie du prestige dont elle l’avait revêtu et par lequel elle avait été séduite tout d’abord.

Pour une fille de race comme Christiane, chez qui la noblesse de cœur avait modifié, mais non détruit, les préjugés de caste, le fiancé de son choix devait réaliser le programme du vers de Voltaire :

Qui sert bien son pays n’a pas besoin d’aïeux.

Et jamais il ne retrouverait une occasion comme celle qui se présentait de servir son pays.

D’autres explorateurs étaient venus, apportant leurs ballons pliés sur des navires, et avaient installé sur les rivages du Spitzberg de coûteux hangars, pour y gonfler leurs dirigeables.

L’Europe entière avait suivi anxieusement leurs préparatifs et avait appris avec une immense déception qu’ils n’étaient pas partis, ne trouvant pas les courants favorables, redoutant les tempêtes et la neige. Lui s’était trouvé transporté soudain avec le Patrie dans ce hangar naturel qu’était le fjord et, comme si une fée eut présidé à tout cela, voilà qu’il y trouvait un ravitaillement en hydrogène et tous les approvisionnements nécessaires pour affronter le domaine du froid. La saison elle-même était favorable, le thermomètre se mettait a l’unisson.

Et ceci n’était rien : voilà qu’au terme de cette Expédition qui n’avait nécessité ni dépenses, ni préparatifs, qui s’ouvrait sous les meilleurs auspices, une récompense inespérée l’attendait.