Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/45

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dire, Cornelia. Car je m’imagine qu’il doit faire dans ces régions un vent tel que le Patrie n’y pourra stationner, même une minute.

— Nous essaierons de faire tête avec l’hélice, si le vent n’est pas trop fort, observa Georges Durtal.

— Il le faut, commandant, il le faut ! s’exclama le docteur Petersen. Comment pouvez-vous supposer, sir James, que nous frôlerons le Pôle sans y faire la moindre observation géodésique ? Et mon instrument alors ? Qu’en faîtes-vous ? Mais sachez, sachez bien, que je compte faire au retour une communication sensationnelle à l’Institut de Christiania. Pour cela, il faut…

Mais l’Américain l’interrompit de nouveau.

— L’Institut de Christiania, docteur, et pourquoi pas celui de New-York, s’il vous plaît ?

— Ah ! sir James, c’est que, si je suis américain, d’opinion et d’intérêt, je suis toujours de cœur avec ma petite patrie, la Norvège, qui nous offre en ce moment l’hospitalité. Mon nom vous l’indique, je suis originaire du pays sur lequel règne le bon roi Haakon, et Chicago ne me l’a pas fait oublier. Aussi, je sens mon cœur battre plus vite, depuis que nous sommes sur ses rivages, et dans cette expédition, où deux grands pays, la France et l’Amérique, sont si dignement représentés, vous me permettrez d’en représenter très modestement un troisième, la Norvège.

— Et moi qui vous croyais un Américain pur sang ! fit mistress Elliot avec une expression de reproche.