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Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/65

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Au détour d’une sorte de promontoire aigu, véritable môle qui semblait fait de main d’homme, une petite rade apparut au fond d’un hémicycle de montagnes, et une sorte de hangar parabolique, dont il ne restait plus que les fermes d’acier dressées sur la grève, attira tous les regards. À côté de lui, une baraque, des pièces de bois abandonnées sur la grève et tout près du rivage, un cairn ou pyramide, dressé la comme un signal géodésique.

— Voici Virgo-Bay, fit le docteur.

— Et ceci est le hangar de Welmann, ajouta l’Américain.

Le Patrie s’était maintenu depuis le départ à une hauteur presque invariable de huit à neuf cents mètres. Sur la demande de ses compagnons, et bien qu’il répugnât par-dessus tout à sacrifier de l’hydrogène, Georges Durtal consentit à descendre à quatre cents mètres à l’aide de quelques coups de soupape. En même temps il arrêta le moteur, décrivit un demi-cercle, et bientôt l’aérostat plana, presque immobile, au-dessus de l’île aux Danois.

Aucun être humain n’apparaissait, et les coups de feu que tira l’Américain n’eurent d’autre effet que de faire fuir à toute vitesse, dans la direction des montagnes, quelques rennes errants sur la grève.

Silencieux, les passagers du Patrie laissaient flotter leurs regards sur ce coin de terre, si célèbre dans les fastes aérostatiques.

C’est de la qu’était parti Andrée, le Suédois, pour cette course au Pôle d’où il n’était pas revenu,