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et cette pensée mettait une indéfinissable mélancolie au cœur de ceux qui, maintenant, se lançaient sur ses traces.

Seraient-ils plus heureux ?

Où seraient-ils, dans deux jours ?

Quand le ballon se rapproche du sol, Christiane discerne, au sommet du « cairn », une croix de pierre : c’était le monument élevé par ses compatriotes à la mémoire du disparu.

— Pauvre Andrée ! fit la jeune fille. C’était un idéaliste, un courageux !…

— Welmann devait partir en 1907, puis en 1908, fit Petersen, et finalement il a dû renoncer à sa tentative. Je crois d’ailleurs qu’il y avait pas mal de bluff dans son cas.

— C’est une erreur, docteur, affirma l’Américain. J’ai connu Welmann. Seule, la persistance du vent l’a empêché de s’élever ; j’ajoute que c’est fort heureux, car, s’il avait réussi, je n’aurais pas insisté comme je l’ai fait auprès de M. Durtal, et nous ne serions pas ici. Ce qui tente dans ces voyages de découvertes, c’est la place de premier. Quand on aura été au Pôle une fois et qu’on aura constaté que c’est un morceau de glace comme ceux qui l’entourent, ou une sorte de mer intérieure entourée de banquises, ou peut-être un rocher, on croira sur parole celui qui aura eu l’immortel honneur d’y descendre le premier, et on n’y retournera pas.

— C’est une erreur, affirma vivement Petersen, une erreur énorme ; et si le Pôle est une terre, j’ai