Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/75

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En constatant l’heure tardive à laquelle il allait prendre son quart, Georges Durtal bondit hors de son sac de fourrures.

— J’ai dormi comme une brute, s’excuse-t-il. Vous auriez dû me réveiller à deux heures, sir James.

— Non pas ; vous êtes jeune, vous avez besoin de sommeil et je vous aurais laissé encore une heure ou deux à vos rêves bleus, si je n’étais vaguement inquiet dans cette brume où nous venons d’entrer : on dirait que nous n’avançons plus.

L’Américain tendait au jeune homme une lourde pelisse.

— Mettez vite cela, fit-il, et surtout enfilez vos moufles. Le thermomètre descend d’une façon continue depuis minuit. Il est tombé de 16 degrés et marque -28°. Dans sa dernière observation, Petersen a vu ses doigts se coller sur le limbe de son instrument… Il a failli y laisser un centimètre carré de peau.

— Où sommes-nous ?

— La dernière observation remonte à quatre heures 85° 28’.

— Nous marchons bien : 5 degrés en dix heures ; nous nous maintenons aux alentours de 60 de moyenne.

— Oui, mais il me semble que la vitesse se ralentit… Peut-être n’est-ce qu’une illusion, due à ce qu’on ne voit plus rien autour de soi.

— Quel singulier temps !