Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/98

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franchir dans le temps que vous avez mis à les discuter.

Le voyage s’accomplissait décidément dans des conditions que nul n’eût osé espérer.

Le traîneau automobile, dont on avait pu craindre la chute, semblait être maintenu solidement par sa dernier-e courroie et, à moins de nouveau choc, Georges Durtal ne redoutait plus l’énorme et subit délestage de 380 kilogrammes, qui eût précipité le Patrie dans les abîmes de l’extrême froid.

Un seul malaise pesait sur tous : il était dû au brouillard, qui semblait s’épaissir encore.

Si on arrivait au Pôle sans rien voir, sans pouvoir, par conséquent, dans la relation officielle, décrire l’ensemble de la région découverte, le résultat de l’expédition en serait très diminué.

— Nous avons maintenant toutes chances d’arriver, observa le milliardaire ; mais si le temps ne se lève pas, nous passerons au-dessus de l’axe du monde à la façon d’un aveugle dans une galerie de tableaux.

Tout le monde fut de cet avis, et une discussion s’engagea sur ce qu’il convenait de faire pour que le passage du Patrie au Pôle Nord, où vraisemblablement il ne pouvait s’arrêter, fût autre chose qu’un vol rapide dans cette « nuit blanche ».

Le mot était de Christiane, et il rendait admirablement l’opacité du brouillard, qui déposait maintenant sur la nacelle et les agrès de véritables aiguilles de glace.